lundi 7 juillet 2008

Eté du Livre 2008

Un mois que l’Eté du livre a pris fin.

Un mois que les lecteurs ont pu rencontrer leurs auteurs préférés, dans un lieu privilégié, place d’Armes, à l’abri de la pluie (mais pas de la chaleur).

Un mois que les libraires, indépendants ou autres, ont pu bénéficier de l’impact économique de cette manifestation.

Ainsi, parmi les auteurs présents, nous avons pu apercevoir les frères Bogdanov, Michel Drucker ou Evelyne Délia.

Attention, je ne fais pas d’élitisme. Il faut aussi de la littérature populaire. Les grosses ventes, les best-sellers, permettent aux éditeurs d’élargir le spectre de leurs propositions éditoriales.

Il y a un mois, il y avait donc de tout, pour tout le monde.

Il y avait de tout mais pas ou peu de bande dessinée, de « bédé ». Pourquoi ?

Parce que la bédé, c’est pour les enfants ? Parce que la bédé pour adultes est forcément érotique ? Parce la bédé détourne les enfants de la lecture ?

La bande dessinée est en proie à toutes ces idées reçues.

Pourtant, en s’y penchant un peu plus, on pourrait s’apercevoir que c’est un genre littéraire important, ancré dans le réel. (Hugo Pratt disait « je dessine le vrai en faisant croire que c’est faux »)

La bande dessinée est réinventée chaque jour : elle est le mode d’expression actuel le plus riche et le plus vivant, témoin de son temps et du monde.

C’est l’un des rares médias qui a pris conscience de lui-même tardivement ; il est loin d’avoir épuisé toutes les richesses de son potentiel.

Plutôt que d’utiliser le terme souvent péjoratif de « bédé », le fait de prendre celui de « littérature dessinée » permettrait de mettre en exergue sa fonction narrative.

Laisser une plus grande place au roman graphique (c'est-à-dire un récit complexe s’affranchissant des conventions de paginations nécessitées par les contraintes techniques) et la replacer dans un champ culturel plus global ne pourrait être que bénéfique à son développement et à la mis en lumière de ses possibilités.

Le 9ème art reste malheureusement toujours considéré comme un art mineur enfermé dans le carcan d’idées reçues ; Art Spiegelman, auteur de « Maus », seule bande dessinée récompensée par le prix Pulitzer en 1992 : « Je me suis dit que je n’écrirai jamais comme James Joyce, que je ne peindrai jamais comme Picasso, mais que je pouvais tenter de faire pour la bande dessinée quelque chose qui s’en rapproche, qui la sorte de son statut d’art mineur… » (Télérama 3047)

De ses possibilités, on évoquera l’intégration de la photo dans la narration et le dessin (« le Photographe » de Guibert) ou le lien très fort entre classiquement la peinture et les œuvres de Mattoti et Blutch.

Ainsi, pour toutes ces raisons, et aussi je l’avoue, de par l’incompréhension suite à l’absence du Carré des Bulles, j’étais heureux de proposer un « off » à l’Eté du Livre.

L’effet fut supérieur à mes attentes. Cela a permis au Carré des Bulles de se faire une place plus grande que si le stand de la librairie avait été calé dans un coin (du carré).

On pourra donc se demander si, paradoxalement, mettre le micro sur Off ne permettra pas plus d’entendre la littérature dessinée.

Aucun commentaire: